
Le Conseil fédéral suisse, sous l’impulsion de Karin Keller-Sutter, envisage d’alourdir la fiscalité des retraits en capital des 2e et 3e piliers de prévoyance pour renforcer les finances publiques. Cette proposition, visant à générer 220 millions de francs par an, est perçue comme un coup dur pour la classe moyenne et suscite une vive opposition de la droite, notamment en raison de la remise en question de la responsabilité individuelle et des avantages fiscaux liés aux piliers de prévoyance. Les critiques évoquent une contradiction dans les politiques de retraite : alors que l’État encourage l’épargne individuelle, il cherche désormais à imposer davantage les capitaux retirés.
À gauche, certains considèrent que cette mesure touche surtout les plus aisés et défendent une réforme des conditions de retrait du 2e pilier. Ce projet s’inscrit dans un ensemble de 60 mesures destinées à assainir les finances fédérales. Face à la polémique, Karin Keller-Sutter semble osciller entre stratégie et maladresse : certains voient en elle une tentative de concilier les économies nécessaires en offrant des concessions sur les recettes, tandis que d’autres estiment qu’elle se laisse influencer par une approche trop rigide face à l’endettement.
Enfin, la nouvelle d’un déficit fédéral moins important que prévu pourrait compliquer encore davantage l’acceptabilité de ces mesures, dont l’adoption finale pourrait nécessiter un référendum.
Source : Le Temps, Laure Lugon Zugravu, Publié le 23 octobre 2024 à 20:05.